Mobilité à vélo – Un incroyable mouvement de créativité

  • Dernière modification de la publication :23 février 2024
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Un vélo, tel qu’il a été défini en 1817 par le Baron Karl Von Drais, est composé de deux roues, un cadre et un ensemble potence, cintre aussi appelé guidon, servant à se diriger. De nos jours, comment pouvons nous définir le terme “vélo” après plus de 200 ans d’évolution ? Jusqu’à il y a quelques années son évolution se concentrait sur ses prouesses sportives ou ses capacités à être un formidable objet de loisir. Mais ces dernières années ont quelque peu changé la donne, la lente mais agréable prise de conscience concernant la fonction d’usage d’un vélo, qui est avant tout bel et bien un mode de déplacement (en tout cas c’est pour cela qu’il a été inventé), cette prise de conscience est accompagnée par un incroyable élan de créativité, mais aussi par une volonté de relocalisation de l’industrie. Jamais autant de marques, de petits artisans, de start-up, ne se sont lancés simultanément dans une course à la créativité, motivés par un milieu foisonnant d’idées et dont les besoins ne cessent de grandir. Voici un tour d’horizon de la stupéfiante créativité portée par le monde de la mobilité à vélo.

Le vélo cargo longtail pour révolutionner le transport de personnes

Le transport de charges lourdes à vélo ne date pas d’hier. Pour preuve, les premiers vélos cargos, des triporteurs, fabriqués de manière industrielle datent de 1905. A cette époque, ils étaient déjà capables de transporter des charges allant jusqu’à 100kg (essentiellement du courrier à cette époque). Ce qui fut une petite révolution, est la capacité pour un vélo d’apparence traditionnelle à transporter une, voire deux personnes (des enfants dans la majorité des cas). Alors que la capacité de transport pour les vélos traditionnels électriques ou pas, se limite à 25-30kg, l’arrivée des vélos cargo dit “rallongés” ou “longtail” bouscule quelque peu nos habitudes de déplacement. En effet avec un poids admissible total de 200kg dont 80kg sur la partie arrière, ce type de vélo permet de transporter sans grande difficulté un, deux, voire 3 enfants (ou un adulte) plus du matériel (des courses par exemple). La véritable innovation est venue de la création d’un écosystème complet entourant ce type de vélo. Sans cela,les vélos rallongés n’auraient jamais pu se démocratiser. Il a fallu créer les éléments indispensables aux transports de personnes en toute sécurité, y ajouter de quoi transporter un peu de matériel tout en gardant un vélo accessible. Cet écosystème fraîchement créé permet de faire entrer le vélo dans la cour des modes de déplacements et peut prétendre à l’appellation de cycle utilitaire. Le vélo peut enfin potentiellement se substituer à la seconde voiture familiale si chère aux ménages français. L’une des premières marques à proposer ce type de vélo fut Yuba suivi rapidement par la plupart des acteurs du marché comme Tern, Moustache, O2feel, Riese & Müller et depuis peu Trek ou encore Monty. Récemment, le longtail, jusqu’ici principalement réservé à un usage familial, à de nouveau fait sensation. Son potentiel en matière de transport se voit décuplé par l’entreprise Pélican cycles. Avec son PelicanTrain, l’entreprise parisienne fait directement entrer les vélos rallongés dans la catégories poids lourds de la cyclo-mobilité professionnelle.

La cyclo-mobilité professionnelle comme vecteur d’innovation

Pour le transport des personnes nous l’avons vu précédemment, la créativité de certains fabricants a suffi à poser les bases d’une certaine “standardisation” des équipements de transport et sécurité à l’aide d’un écosystème dédié aux vélos rallongés. Pour ce qui est de l’usage professionnel, les choses se compliquent. Alors que le transport de personnes se fera à peu près toujours de la même manière, l’usage professionnel, lui, demande une adaptation du matériel pour quasi chaque activité, voire pour chaque mission. Il suffit de laisser libre cours à son imagination, à sa créativité afin de révéler tout le potentiel d’usage d’un vélo cargo. Que cela soit par la transformation d’un Triporteur, d’un biporteur, d’un vélo rallongé ou l’ajout d’une remorque modulable fabriquée sur mesure. Pour les remorques, des entreprises se sont rapidement spécialisées sur le sujet comme Tout En Vélo ou Fleximodal. Tout est possible ou presque.  Artisans, collectivités, paysagiste, réparateur à domicile, commerce ambulant, tourisme,…et bien évidemment la logistique. Tous les secteurs d’activité sont susceptibles de trouver leur bonheur dans un changement d’habitude de déplacement orienté vers la mobilité. Il suffit de se poser la bonne question : quelle solution va me permettre de décarboner ma mobilité ? et de laisser faire les créatifs.

L’attrait pour le made in France

Cette recherche constante de solution a, de fait, rendu obligatoire une relocalisation de la production. La personnalisation demande de l’adaptabilité, de la réactivité, des ajustements. Impossible d’externaliser cela à l’autre bout du monde, et encore moins de l’industrialiser. Pour accompagner une personnalisation locale des vélos, afin de les adapter aux contraintes métiers, certains entrepreneurs se sont lancés dans la relocalisation de la fabrication de vélos eux-mêmes. Alors le tableau n’est pas toujours rose comme peuvent en témoigner les créateurs de Kiffy (dont j’avais parlé dans un précédent article) qui ont dû mettre un terme à leur activité en fin d’année 2023, mais nous sentons une réelle motivation sur le sujet. Alors que les fabricants, français, de vélos sportifs n’ont jamais vraiment pris la peine de s’emparer du sujet, pas mal de fabricants de vélo à destination du transport de personnes ou de marchandises se lancent dans l’aventure du vélo “made in France”. Je peux citer par exemple Etni cycles, Ili Cycles, Galian, le dernier né de Douze cycles ou encore VUF. Fabriquer en France permet de contrôler le processus créatif, d’être réactif dans la prise en compte des retours utilisateurs ou encore d’être aux plus proche des attentes de ses clients. Ce n’est pas un article sur les avantages du “Made in France” mais vous comprendrez que dans le secteur de la mobilité à vélo, localiser sa fabrication en France permet de gagner en souplesse créative.

Quand on parle de créativité, il ne suffit pas que de parler de création, je peux citer également la transformation ou le reconditionnement de vélo existant, comme par exemple la mission que s’est donné l’entreprise Botch Cargo Bike avec la transformation d’ancien VTT en vélo cargo. Le tout fait main à Toulouse. Repoussant encore plus loin le principe du reconditionnement. Il ne suffit plus de remettre sur le marché un vélo pour le même usage mais carrément de repenser son usage en lui rendant sa fonction première à savoir se déplacer quotidiennement avec lui.

Un peu de technologie pour prévenir des vols et des accidents

L’incroyable créativité dont fait preuve actuellement le secteur du vélo et la mobilité, ne tient pas que sur la fabrication ou la personnalisation des vélos à destination du transport de personnes ou de marchandises. Nous ressentons une envie de la part des fabricants d’apporter également des réponses facilitant l’usage de ces vélos. 

Que cela soit en terme de sécurité contre le vol;  antivol avec alarme, géolocalisation, débrayage du moteur pour rendre le vélo inutilisable ou encore par la fabrication de composants, s’adressant directement à des utilisateurs néophytes, n’étant par définition pas des “professionnels du vélo”. Je pense en premier lieu aux innovations faites par la marque Magura notamment sur les systèmes de freinage. Après avoir enclenché le premier coup de pédale par l’intégration d’un système ABS (tout comme pour les voitures ou les motos, le système empêche le blocage de la roue avant lors d’un freinage puissant, limitant ainsi le risque de chute sur sol humide ou fuyant type gravier) à destination des vélos à assistance électrique, la marque enchaine avec le CBS, un répartiteur de freinage à destination des vélo cargo (voici le lien pour en savoir plus), avec pour but encore une fois de rendre l’expérience utilisateur la plus sécurisante possible. Ces innovations techniques n’auraient jamais pu voir le jour sur des vélos sans une réelle prise de conscience de l’importance de rendre ceux-ci accessibles pour le plus grand public.

Des algorithmes pour vous aider dans vos trajets

Enfin pour finir mon portrait des quelques richesses créatives accompagnant le sujet de la cyclo-mobilité, j’aimerais parler de “l’accompagnement au pédalage”. Alors je ne suis pas forcément très fan d’un trop plein technologique intégré dans un vélo. Car pouvant potentiellement nuire à sa fonction première qui est de mener son utilisateur d’un point A à un point B. Certaines marques auraient sûrement dû prendre en compte ce critère de base dans leur cahier des charges comme par exemple Angel ou VanMoof pour ne pas les citer. Mais certains systèmes sont plutôt prometteurs comme le moteur Valeo et sa boite de vitesses automatique prédictive intégrée ou encore Iweech et son algorithme qui en plus de vous soulager d’avoir à penser au changement de vitesses permet d’optimiser la consommation de la batterie. Certains diront que tout cela est superflu mais répond en fait à plusieurs attentes. Premièrement, changer de vitesses, pour certains utilisateurs néophytes, c’est un frein à l’usage. Deuxièmement, cela règle pas mal de problèmes de mauvaise utilisation. Et notamment l’usure précoce d’une transmission où l’on ne change jamais ses vitesses. Troisièmement, cela participe à l’amélioration de l’expérience utilisateur et participe donc à la création d’un sentiment positif vis à vis de la mobilité à vélo. A voir maintenant comment ce type d’innovation va être accueilli par le grand public et quel sera le suivi en matière de service.

Bien évidemment il existe beaucoup d’autres innovations que je n’ai pas citées précédemment, soit par oubli, soit car je ne les connaîs tout simplement pas. C’est là toute la magie du secteur de la cyclo-mobilité, il faut chaque jour faire preuve de curiosité, d’engagement, de partage afin d’en saisir toutes les nouveautés.

Dans mon précédent article, j’avais pris la peine de citer le titre d’un grand site d’information généraliste qui définissait le marché du cycle français comme “aux abois”. Le marché du cycle n’est décidément pas aux abois, il est en ébullition de par la richesse créative ainsi que l’engagement de ses acteurs.